Il postino – Le facteur / by herwannperrin

 
Le facteur avec Massimo Troisi (qui décèdera juste après le filmà l’âge de 41 ans) alias Mario Ruoppolo et Philippe Noiret dans le rôle de Neruda un duo incomparable que j’ai eu bien du plaisir à revoir après ces quelques années de latence, toujours aussi magique et poétique ce film où les sentiments vous submergent avec la simplicité de l’Italie et des mots, dans un petit village de pêcheur quelque part dans le sud….Pablo Neruda s’arrête, en exil, et se noue une amitié et une complicité pure comme il y en a peu entre deux hommes avec au cœur l’amitié et l’amour.
 
Une histoire où le pouvoir des sentiments mais surtout des mots permet de transfigurer chacun d’entre nous et de voir dans ces alentours qui nous entourent des « métaphores » et de s’ouvrir à la poésie.
 
Cela devait se passer au début des années 50, la version française de Wikipedia indique notamment : « En 1949, Neruda est devenu membre du Conseil Mondial de la Paix à Paris, en 1950, il obtient, ensemble avec Pablo Picasso, le Prix international de la paix. Il rencontre la femme de sa vie, Matilde Urrutia qui l'inspire pour des poèmes d'amour d'une fulgurante beauté Cien sonetos de amor (La Centaine d'Amour). De retour au Chili en 1952, il publie en 1954 les Odes élémentaires. En 1957, il devient président de l'Union des écrivains chiliens, l'année suivante il publie: Extravagario (Vaguedivague). Cette même année, tout comme en 1964, il soutient pleinement la campagne électorale de Salvador Allende Goossens comme candidat à la présidence de la République. En 1964, Neruda publie Memorial de Isla Negra, le retour sur son passé et son rêve d'une humanité plus fraternelle. En 1965, il est nommé Doctor honoris causa de l'Université d'Oxford.(…) Le 21 octobre1971, Pablo Neruda obtient, (…) comme troisième écrivain d'Amérique Latine, le Prix Nobel de littérature ».
 
Pourquoi ceci parce que vous verrez Matilde et qu’il est déjà dans les évocations du prix Nobel. De plus, cela me fait penser qu’il vous faut également, si vous aimez ce film, voir le documentaire réalisé en 1994 de Patricio Guzman qui a été tourné sur Salvador Allende dont Neruda a soutenu la cause et qui est remarquablement bien fait.
 
Un résumé sur le New York Times
 
Un beau poème emprunté à Neruda et au site « la poésie que jaime » et qui m’a semblé être de circonstance…
 
« LA LUTTE POUR LE SOUVENIR
 
Mes pensées se sont peu à peu éloignées, mais ayant abordé un sentier accueillant, je repousse les contrariétés tumultueuses et je m'arrête, les yeux fermés, grisé par un parfum de passé que j'ai conservé, durant mon petit corps à corps avec la vie. J'ai vécu hier, uniquement. Aujourd'hui a cette nudité qui attend la chose désirée, ce cachet provisoire qui vieillit en nous sans amour.
Hier est un arbre aux longs branchages, à l'ombre duquel je suis allongé, abandonné à la mémoire.

Soudain, je regarde, étonné: en longues caravanes, des voyageurs sont arrivés dans le même sentier; les yeux endormis dans le souvenir, ils fredonnent des chansons et évoquent ce qui fut. Et je crois deviner qu'ils se sont déplacés pour s'arrêter, qu'ils ont parlé pour se taire, qu'ils ont ouvert leurs yeux stupéfaits devant la fête des étoiles pour les fermer et revivre l'enallé...

Étendu dans ce nouveau chemin, avec les yeux avides et fleuris des jours lointains, j'essaie vainement d'enrayer le fleuve du temps qui ondoie sur mes faits et gestes. Mais l'eau que je parviens à recueillir reste prisonnière des bassins secrets de mon coeur, dans lesquels, demain, devront s'enfoncer mes veilles mains solitaires ».

(LE FLEUVE INVISIBLE,  Premiers Poèmes)